Le Petit prince et l'amour.

 

Extrait du «Petit Prince» de St-Exupery:

XXIII

Bonjour, dit le petit prince.

- Bonjour, dit le marchand. C’était un marchand de pilules perfectionnées qui apaisent la soif. On en avale une par semaine et l’on n’éprouve plus le besoin de boire.

- Pourquoi vends-tu ça ? dit le petit prince.

- C’est une grosse économie de temps, dit le marchand. Les experts ont fait des calculs. On épargne cinquante-trois minutes par semaine.

- Et que fait-on de ces cinquante-trois minutes ?

- On en fait ce que l’on veut…

« Moi, se dit le petit prince, si j’avais cinquante-trois minutes à dépenser, je marcherais tout doucement vers une fontaine… »


Extrait de « L'esotérisme du PETIT PRINCE » de Yves MONIN

« Le Petit Prince l’atteindra, cette illumination réservée à « quelques uns »…, car il connaît, lui, « une fleur unique au monde, qui n’existe nulle part, sauf dans (sa) planète »… Il ne cherchera plus, d’astéroïde en astéroïde, de « jardin fleuri de roses » en pré à pommiers, « à travers les sables, les rocs et les neiges », avec les yeux ; Il ira droit à l’absolu, à ce qui lui a été offert par le hasard, d’une part (par acceptation), à ce pour qui il a accepté de perdre son temps, d’autre part (par renoncement à son égo).

L’indice divin extérieur de reconnaissance, le voici :

« C’est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante »…

Que traduit cette attitude ? Pourquoi est-elle choisie, cette rose particulière ? Pourquoi un renard, « semblable à cent mille autres » deviendra-t-il l’ami « unique au monde » ? Pourquoi, par contre, le Roi, le Vaniteux et leurs compagnons dans le monde des illusions ne parviendront-ils pas à « retenir » l’enfant blond ? C’est le secret du cœur, que la raison ignore – d’après l’adage- l’invisible pour les yeux d’après les maximes du Renard.

L’amour se cristallise sur une apparition fortuite, par acceptation intuitive de ce hasard, véritable don divin. Le pilote ne questionnera pas ses actes de tendresse, sa marche dans la nuit… Le Renard n’hésitera pas à offrir son amitié, son « secret »… Le Petit Prince ne tergiversera pas devant les 5000 roses. Tous savent intimement, ressentent, voient avec le cœur, que là est le grand choix, la grande possibilité d’acceptation. La personne à aimer leur est révélée…» (…)

« Ne revendique donc rien en dépit de ta douleur, pilote ! Ne crie pas : « Je ne te quitterai pas»… Certes, « on risque de pleurer si l’on s’est laissé apprivoiser », mais lorsqu’on évite la douleur, « c’est qu’on ne veut plus aimer. Celui qui aime devra ressentir éternellement le vide qui l’environne »…

Voilà pourquoi cet amour pour la Rose, dont le livre entier est tout vibrant, représente ce que le Moyen Age nommait : «L’amour de loin» - le véritable amour puisque «cela n’est plus amour, qui tourne à la réalité». Qui saurait, dans ce cas-là, exiger quoi que ce soit, dans l’instant, de l’être aimé ?

Regarde… Ecoute… Tout chuchote des images de souvenirs… Alors, toit, Renard, tu aimeras le Petit Prince au spectacle des étoiles… Petit Prince, tu aimeras le Pilote au souvenir de l’eau, du puits et de sa «musique, à cause de la poulie et de la corde»…Alors «toutes les étoiles seront des puits avec une poulie rouillée. Toutes les étoiles (te) verseront à boire»… Et tu aimeras ta Fleur dans les scintillement des étoiles…

«Si tu aimes une fleur qui se trouve dans une étoile, c’est doux, la nuit, de regarder le ciel. Toutes les étoiles sont fleuries…» Eh oui ! «Toutes les étoiles, tu aimeras les regarder… Elles seront toutes tes amies»…

Tu avais raison, Géographe ! L’être aimé, noyé comme toutes choses dans le mouvement de la vie, est bien éphémère» ! Mais l’amour, lui, est absolu, permanent ; il illumine, fait rayonner les objets de la terre entière et «toutes les étoiles»… et naître « 500 millions de grelots, 500 millions de fontaines». Car «un homme peut tout ennoblir s’il le veut», s’il sait voir ; tout est amour pour lui, alors…puisque «aimer, c’est voir»… Mais, bien sûr, «voir est du domaine de la grâce»…

 

 

 
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