"Il nous faut pour le moins une révolution de nos modalités d'apprentissage et de connaissance. La vie moderne nous pousse à transformer tout en question mentale. (...) La psychothérapie cherche des causes et des explications, au lieu de chercher des moyens de guérir l'âme. Pour alléger l'anxiété et la détresse de l'époque moderne nous devons approfondir notre savoir en allant au-delà de la simple explication, en un lieu où l'âme est atteinte et donc touchée et guérie.

Je pensais autrefois que l'intuition était la réponse et que nous pouvions en quelque sorte tirer des idées brillantes de cet aspect négligé de l'esprit. J'ai appris maintenant que l'intuition n'est pas une activité essentiellement mentale mais une position dans le monde et un savoir qui guide l'âme, même si elle ne réussit pas à satisfaire le mental désireux d'explications claires et sans ambiguïté.

J'ai appris que la véritable intuition demande des savoir-faire et des attitudes plus exigeants que ceux du mental : elle a besoin d'un quelconque objet, image ou rituel concret. (...) Le savoir provenant de l'intuition - et des oracles - ayant des racines tellement profondes, appartient davantage au domaine de la religion qu'à celui de la psychologie. Beaucoup de gens hésitent à l'approcher de crainte de transgresser leur croyances et leurs convictions théologiques. Nous sommes par ailleurs influencés par les durables suspicions de la religion occidentale quant au paganisme, à la superstition et aux pratiques magiques. Plus d'une étude a montré que les églises établissent soigneusement des distinctions à propos des oracles, apparaissant plus intéressées par la protection de la notion de libre arbitre et de liberté divine. Elles s'opposent à un univers magique dans lequel certaines actions produisent automatiquement et nécessairement des effets, et elles mettent en garde contre les individus tirant profit de ce genre de magie. Pourtant les oracles sont parties intégrantes de toutes les religions, depuis les Grecs qui consultaient l'oracle de Delphes jusqu'à saint Augustin, en passant par les prêtres de l'Ancien Testament interprétant les signes de la nature."

Ralph H. Blum - Susan Loughan