Donner et recevoir

« L’homme qui donne ne donne pas dans l’intention de recevoir, car le don constitue comme tel, une joie exquise. Mais en donnant, il ne peut empêcher que rejaillisse sur lui ce qu’il engendre à la vie chez l’autre; en donnant véritablement, il ne peut éviter de recevoir ce qui lui est donné en retour. Dès lors que l’un donne, l’autre devient également un donneur, et tous deux participent à la joie de ce qu’ils ont engendré à la vie. Dans le don, quelque chose prend corps, et les deux personnes impliquées sont reconnaissantes de la vie qui naît pour elles deux. Spécifiquement, en ce qui concerne l’amour, ceci signifie : l’amour est un pouvoir qui produit l’amour, l’impuissance est l’incapacité de produire l’amour. Si nous aimons sans susciter l’amour, c’est-à-dire si notre amour comme tel ne produit pas l’amour, si par l’expression de notre vie comme personne aimante nous ne faisons pas de nous-même une personne aimée, alors notre amour est impuissant, malheureux. Au juste, ce n’est pas uniquement dans le don que l’amour manifeste son caractère actif, mais aussi dans le fait qu’il implique toujours, quelles que soient les formes qu’il prenne, certains éléments fondamentaux. En l’occurrence, la sollicitude, la responsabilité, le respect et la connaissance.»

Offrir un sourire.
Cependant, ajoute encore Erich Fromm, ce n’est pas dans les choses matérielles que se situe la sphère la plus importante du don, mais dans le royaume spécifiquement humain.

Que donne un être à un autre ?
Il donne de lui-même, de ce qu’il a de plus précieux, il donne de sa vie. Ceci ne signifie pas nécessairement qu’il sacrifie sa vie pour autrui ; mais qu’il donne de ce qui est vivant en lui, il donne de sa joie, de son intérêt, de sa compréhension, de son savoir, de son humeur, de sa tristesse. Bref, de tout ce qui exprime et manifeste ce qui vit en lui. En donnant ainsi de sa vie, il enrichit l’autre, il en rehausse le sens de la vitalité en même temps qu’il rehausse le sien propre…. »

La dialectique du parfait et de l’imparfait.
(…)
Il est un paradoxe étonnant.
Il existe donc un « bien absolu » au niveau de la source divine, qui est la perfection de toute perfection. En tant que perfection, aucun changement n’est souhaité, il n’y a donc aucune dynamique. Mais pour les créature, ce bien absolu représente un « mal » puisque la perfection exclut toute création et toute liberté.

« Dans la profondeur du bien absolu se cache la racine même du mal, qui est le fait de nier le miracle et le possible ». (Le Maître des Lumières, cité par Y.Ben Shlomo. Chirat Halayim)

Le bien pour l’homme réside dans le décalage entre la perfection de Dieu et la transgression de cette perfection par la création du monde. Cette création est une rupture dans l’immanence de la perfection. Toute création est moins parfaite que la source de toute perfection. L’être du monde se conjugue ainsi à l’imparfait et à l’inattendu !. La réalité imparfaite du monde en dehors de Dieu s’oppose logiquement à Sa perfection. Mais pour l’homme, c’est cette imperfection qui devient son entrée dans la perfection au sens de la formule très kabbaliste d’André Neher : «La perfection de l’homme, c’est sa perfectibilité »… »

(…) « Il n’existe pas deux personnes douées des mêmes capacités. Chaque homme devrait travailler au service de Dieu suivant ses propres talents. Si un homme essaie d’en imiter un autre, il se borne à perdre une occasion de faire le bien par son propre mérite. » Le Baal Chem Tov

 

Extrait du livre « Mystères de la Kabbale » de Marc-Alain OUAKNIN


 

 
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