Karine c’est moi ma vie ou le courage d’essayer d’exister
Pas de vie sexuelle et je suis vierge_ Je ne connais pas le désir sexuel et ne peux donc m’imaginer de le vivre ; ce qui alimente tous les jours mon idée obsédante de m’effacer de la vie : le vide n’existe pas.
La mort_ le noir _ ce tout est en moi_ Il est là en permanence_
Je le vie au quotidien_ forme de tristesse enfouie : mon langage et ma pensée vivent ainsi en moi et mes sentiments sont tristes : inutilité_ déception_ incapacité à me réaliser_ attachements excessifs à ce qui a échoué_ ruminations idées noires et souvenirs _peu d’importance dans ce qui réussit_ Manque de confiance en moi énorme_ Désillusion dans toutes les formes d’amour_ Peur intense de tout_ Blocage_ Scrupules et hantise de l’esprit de concurrence_ dégout prononcé_ Mon suicide commende déjà_
La boucle est bouclée.
Je n’éprouve pas le désir de vivre
J’ai effectivement très peu d ‘appétit
Je pense souffrir des maux sociaux modernes me situant entre l’anorexie et l’orthorexie, mais n’étant pas vraiment l’un et l’autre. Mon objectif n’est pas de perdre du poids_ Mon objectif est de disparaître_ Je ne veux pas vivre vraiment_ Je pense donc mourir_
Mourir
Un jour
C’est un jour que je m’accomplirai dans la mort
Dans le fond la vie me dégoûte car oui tout me rend triste …je suis mélancolique.
J’ai peur je hais la violence_ je vis car j’aime être rassurée_ oui la douceur des choses mentalement provoquées alors je souris à la vie_ j’avoue que cela est très agréable_
Dans de telles conditions je m’ouvre mieux aux autres et au monde
Je fonctionne comme cela.
Quand j’éprouve de la faim je me permet de manger _oui je peux avoir des préférences et du plaisir_ Cela s’arrête toujours là.
Je n’ai plus faim_ Oui je suis rassasiée_ Je n’ai pas l’impression de me restreindre_ Souvent je ne comprend pas pourquoi je suis aussi fragile_ Pour moi c’est fini
Pourquoi ?
Pourtant j’ai de l’énergie_ Oui je peux courir car j’aime ça et j’en ai bien pris l’habitude_ Mais je n’arrive pas à manger_ ou plutôt si je mange des aliments sains car c’est bon pour ma santé_ Je n’aime pas la viande rouge _Quand j’étais petite je n’aimais pas non plus sauf le steak haché très dur. Je devais avoir 11 ans quand j’ai commencé à aimer ça. Avant c’était jambon, poulet, poisson.
J’ai souvent été malade.
Jusqu’ à mes 15 ans.
J’ai été une enfant avec une santé fragile : j’avais des sinusites et rhinopharyngites chroniques_ Je toussais souvent_ j’avais très souvent de la fièvre_ J’ai eu mal_ Beaucoup de douleurs_
De mai à septembre je respirais ! je n’avais plus rien_ Dès la fin des beaux jours, j’ avais mal tous les jours, ce mal en moi terrible qui me rongeait de l’intérieur et où mes sinus me cognaient, et me cognaient, frappant ma tête et mes yeux …ou encore fatiguée, malade et fiévreuse, je tenais le lit.
Très souvent je m’isolais_ J’étais souvent seule _Je n’aimais pas mes douleurs_ Je ne m’aimais pas pour ainsi dire_ Je me détestais et détestais ma voix et mon image ; je le ressentais d’autant plus fort quand je devais être présente au sein d’un groupe_ J’étais pourtant toute fine et menue… mais la morve, les glaires, les cheveux gras, la mine douloureuse, rougie ou fatiguée, parfois les yeux creux et le teint jauni, parfois blafard…Je me rejetais ainsi en m’isolant dans des coins de cour_ La petite habitude _J’avoue que m’effacer c’est bel et bien ma vie_
L’hôpital
J’ai bien connu cet endroit abominable, inculte et que je haïrai toujours pour avoir été terrorisée, humiliée, avoir souffert durant de longues heures interminables !
J’y ai bien souffert oui. Mes traitements y étaient durs et bien souvent à la limite du supportable ; et pour une petite fille angoissée, il y a tant d’autres moments à vivre au quotidien et qu’il faut supporter_ En moi-m^me, j’ étais très souvent si fatiguée , j’étais au fond épuisée Cette fatigue de moi et de la vie à supporter et m’ isolant des autres encore et toujours plus…
Je n’aimais pas les groupes de filles et garçons_ je n’aimais pas y être intégrée. J’avais une ou deux amies c’est tout. A ma meilleure amie,
Je lui cachais ma souffrance…j’aimais ces bons moments partagés ensemble et je pense lui avoir montré mon heureux visage . Je lui réservais des moments gais si possible ! Elle était aussi un peu comme moi si douce, timide et réservée.
L’hôpital c’était les mercredis_ Là-bas je criais de douleur_ Les instruments de torture me blessaient_ Le sang qui coulait et coulait mêlé à des glaires et de la morve à sortir et à sortir_ Je devais cracher, souffler, respirer…j’avais mal, tellement mal !…attendre des minutes incessantes et douloureuses dans la salle d’attente puis souffrir à nouveau sur « le billard ».

Je ne me suis pas représentée , projetée en tant que petite fille devenant femme.
Ma sœur elle si ! et tout lui a toujours réussi à merveille ! je l’aime ma petite sœur ! elle est belle et magnifique !
Elle m’a souvent agacé de tout réussir comme ça avec une aisance et une telle grâce naturelle!
Ceci m’a hélas renforcé dans mes sentiments négatifs et mon manque de confiance…
C’est la vie
Ma mère a échoué dans sa 1ère grossesse. Puis elle m’a eu tant bien que mal. Elle a failli me perdre aussi très tôt. C’est grâce à des injections répétées de progestérone que j’ai pu « me développer et grossir » dans son ventre.
A la naissance j’étais normale , si un peu maigre pour ma taille_ Au début, je ne tétais pas le sein de ma mère. Elle a toujours eu en elle une inquiétude à cause de ça. Elle me dit qu’elle n’avait pas de lait mais bon…moi je ne cherchais pas plus que ça . Si j’avais vraiment eu ce désir j’aurais été agressive ou capricieuse…mais non…
Petites pertes de poids mais non graves_ J’ ai vite eu des biberons_ C’était pas le top et ça ne l’a jamais été_ Les tétées ne duraient pas moins d’une heure ! et je buvais très lentement, en ne prenant que de toutes petites quantités de lait bien épaissit_ Comme je m’endormais souvent, ma mère me tenais la tête en en me la ramenant vers l’avant…
Je n’étais pas anorexique puisque je ne refusais pas l’aliment. Vers mes 2 ans le pédiatre m’a diagnostiqué un petit rachitisme thoracique…ce sont les os de la cage thoracique qui ne sont pas bien soudés entre-eux par une insuffisance de la calcification.
En parallèle : j’ai eu des rhinopharyngites à répétition et très souvent associées à de petites fièvres. Quelques années plus tard, eu des sinusites chroniques qui m’ont causé ces fortes douleurs, parfois suivies de fortes bronchites…j’ai connu plus d’une fois les 41 et 42 de fièvre, les antibiotiques à la longue que je ne voulais plus avaler…et l’hôpital ce maudit!
J’aurais pu y mourir …la faute à une erreur médicale_
Ma mère n’a plus voulu que je chirurgien continue avec moi.
Lui au contraire le voulait pour mon bien , et que je sois non plus traitée mais soignée de manière plus douce. Sur des périodes de 6 mois dans le sud du pays. Ma mère a refusé .
Car pour elle qui était prof de sport je devais aller au collège et faire ma rentrée en classe de 6ème comme tout le monde.

Après je suis allée beaucoup mieux.

En 2 à 3 ans j’ai grandi de 20 à 30 centimètres, pris une vingtaine de kilos, et suis devenue ce que je suis aujourd’hui. Je n’ai jamais eu de cycle menstruel normal et précis, souvent des douleurs plus ou moins vives associées à un manque en progestérone.
Mes douleurs respiratoires se sont atténuées en s’espaçant. J’ai été ensuite soignée à l’homéopathie jusqu à mes 15 ans.
J’avais une dizaine de petite pilules et des sirops à prendre tous les jours. J’avais aussi un second traitement en parallèle pour améliorer, renforcer mon métabolisme.
Au collège : pas de chance …j’ai été aussi un petit bouc émissaire .
Les filles et garçons de ma classe me rejetaient …ça a été dur tout ça: trousse, stylos et bonnet jetés dans les wc et poubelles, pages de cahiers déchirées, en récré ils formaient une ligne de 10 voyous et me plongeaient dessus en m’insultant « sale braguette », coups de pieds…
J’ai fait une dépression : isolement complet restant seule, ne parlant plus sauf à mon papa, anorexie , insomnie…De plus, par dépréciation et sentiment de culpabilité, je m’autoaccusais devant mes proches de ce que n’étais pas « je suis nulle, moche, grosse, personne ne m’aime… » l’âge bête !
Ca a commencé tôt le matin je vomissais mes tasses de lait si j’essayais de manger quelque chose. A midi je n’avais pas plus d’appétit…je me suis isolée dans ma chambre.
La nuit ma mère est venue souvent à mes côtés pour me rassurer parce que je pleurais seule, ou restais clouée sans pouvoir bouger , terrorisée, hantée.
Je vous le dis : je suis dépressive malgré-moi , j’ai beaucoup de mal à vivre et à survivre dans ce monde.
Je le cache parfaitement aujourdhui. J’ai un double visage qui peut très bien sourire à merveille. J’ai appris aussi à grandir et à évoluer !
La panique de l’école…mais eu fond de moi cette chose noire dure et angoissante, cette dépression ne m’a plus jamais quittée….je suis encore et toujours une toute petite fille si triste et seule un jour prête à disparaître…pourtant parfois avec la sensation d’être une très grande vieillarde et de survoler mon temps sachant au plus profond que bientôt sera mon heure.
Je ne sais pas pourquoi.
Pourquoi ?
Pourquoi moi ?
Pourquoi je ne suis pas comme toutes les autres et comme tout le monde ?
Pourquoi je souffre en moi et dois me faire souffrir car je m’en donne un sens _le vide n’existe pas
Pourquoi je ne veux pas vivre ma vie à moi ; et pourtant je fais tout ce que je peux pour y rester en vie…pourquoi cela n’est pas en moi, pourquoi je n’ai pas ce désir
Pourquoi cette autre petite fille cherche-t-elle à imiter ou ressembler à sa maman et pas moi ?
Pourquoi je ne me suis jamais dis « un jour moi aussi ce sera comme ça, j’aurais des enfants heureux, une voiture, un métier… » ?
Quand la mélancolie tourne en moi…je suis toujours sans réponse à ce sujet…le manque de désir, le manque d’envie, une imagination inexistante …ma douleur c’est ce qui a existé à la place_ Et oui c’est malheureux _ et que c’est triste à avouer.
La douleur peut transformer, j’essaie d’y croire …ma difficulté à être et d’exister.

Autre exemple ,je déteste faire la cuisine comme je n’ai jamais cherché à vouloir savoir cuisiner. Car pour qui ? et dans le fond pour quelles raisons ? Comme quand j’étais malade et lorsque ,seule, je pouvais manger un petit peu de mon assiette froide :
Un peu de jambon mais sans purée Avec une salade ou un peu de légumes cuisinés par mon papa_ et une petite note sucrée : 2 petits pots de compte avec un fruit ou une crème dessert_ et le café avec 2 ou 3 carrés de chocolat. Voilà mon midi
Le soir je ne dîne pas, sauf vers 17 ou 18 heures : je mange du sucré : 2 crèmes dessert et un fruit avec une ricoré.
Le matin parfois un croissant avec mon café et mes 2 yaourts quotidiens.
Bon, parfois des entorses surtout le week’end , j’adore les tartes aux fruits !
Avec ça je suis loin d’être anorexique…mais encore plus d’être boulimique !
C’est un rituel quotidien Sans lui je me laisserai mourir de désespoir et de faim
Je suis angoissée profonde…ne sachant parfois plus bien si la vie est un mur qui me regarde ou si c’est moi qui le regarde.
Les milles et un visages de ma mélancolie

Ma vie se résume à en mourir
Me voilà
A 35 ans, cela n’est plus bien loin
Avant de vous quitter je vais vous avouer avoir des passions…

J’aime les femmes qui m’aiment et me comprennent.
J’aime les femmes quant elles sont belles
J’aime les femmes quant elles sont simples , gentilles , adorables
J’aime les femmes quand elles font des prouesses de déesses ! ouh là !!!!
Quand j’aime quelqu’un de précis au fond de moi et à un instant donné : c’est comme si je pouvais l’aimer toute ma vie et très très très fort !!!!
Cela fait battre mon cœur si vite et si fort que mon cœur en explose !
Mais cela reste au fond de moi

Un jour
Bien après
Je pleure alors de désespoir car le désespoir est alors long à revenir et s’installer
J’ai d’abord des angoisses dans le noir…les pensées tristes et noires me rappellent à mon triste sort, ma pauvre et douloureuse petite existence
Puis des peurs sociales : peur de grossir rien qu’un peu et même si je suis squelettique ou maigre comme un clou, peur de ne plus être aimée, peur de souffrir et peur de la vie
Je suis pourtant bien là bloquée comme à mon habitude
Dans mon lit
J’essaie de survivre à mon avenir incertain
Je ne fais presque plus rien (vive internet, mon petit boulot matinal de portage de journaux, mon jogging quotidien qui me remonte le moral) .Sans mon ordinateur chéri je ne fais plus rien
Plus rien
Presque plus rien…sauf…
La vie au fond me dégoute
J’ai tout raté et tant souffert…mais après quoi je cours encore ?

Voilà…je vais souffrir parce que je dois être en peine …la petite habitude…cela dois être un peu doux et rassurant ma foi !

Mais celle que j’aime aujourd’hui ou que j’ aimais autrefois
En secret
Hélas ne m’aime pas et ne m’aimera jamais

KARINE

NB

Pour que vous compreniez mieux...je n'ai jamais été hospitalisée, ni pour anorexie ,ni pour autre chose. Par contre vers l'âge de mes 10 ans et durant environ 2 ans, j'ai eu des traitements hospitaliers pour traiter mes sinusites chroniques . Ces traitements étaient abominables et insupportables. Le chirurgien ORL et le personnel soignant n'avait ni tendresse ni compréhension , ce qui fait que j'ai tout vécu ça de façon négative et ressenti en moi la douleur et la fatigue à l'état extrême car cela venait se rajouter aux douleurs déjà quotidiennes. J'avais en moi un mal de vivre évident , en plus d'être déjà très angoissée et timide.
L'expérience de l'hôpital s'est en plus soldée sur un échec puisque suite à une erreur médicale non moins douloureuse , ma mère n'a plus voulu accorder sa confiance dans ceux qui me traitaient.
Quand j'étais clouée au lit tenaillée par de fortes sinusites ou bronchites , très affaiblie, je n'avais pas du tout d'appétit et ne pouvais vraiment pas manger. Les assiettes de purée-jambon restaient des heures non loin de moi à refroidir. Je les oubliais . Comme ma maman tenait à ce que je mange quand m^me un petit peu, et que moi ce n'étais vraiment pas du tout ça...hop ! le nombre de fois que je me suis rendue aux toilettes, exaspérée, pour y vider le contenu ou une partie derrière son dos.
" Karine, tu as mangé quand même un petit peu de la purée ?"
" Oui maman" bien lentement et pas très rassurée, les yeux et joues creusées , minée par la douleur et la fatigue.
Mais bien sûr elle ne me voyait jamais.
Maman était une femme très occupée avec des activités prenantes et donc peu souvent à la maison.
Mon père , quand il ne travaillait pas et restait à la maison ...me disait toujours " oh menteuse, ce n'est pas vrai, tu n'as pas mangé" je riais parfois mais en insistant "si mais je n’en veux plus". J'étais fatiguée, clouée au lit, sans force...
Mon papa essayait de me changer les idées et parfois , quand la fièvre était un peu tombée et les douleurs moins prenantes, on jouait ensemble au jeu de dames sur mon lit.
J'acceptais alors plus volontiers ce qui venait de lui... le petit ourson ou la petite souris en chocolat qu'il me tendait parfois.

Mais ma maman c'est elle qui, quand j'étais enfant, pour mes sinusites et problèmes respiratoires, les pipis-culottes... m'a emmené de partout : voir des médecins, des spécialistes...


Actuellement et depuis mars 2006 j’ai repris une petite activité et repris du poil de la bête ! Je peux dire qu'aujourd’hui je suis sauvée.
Avant j'étais sur une pente descendante, dépressive, déprimée, malade, ne croyant plus en rien ni en moi-même...broyant du noir toute la journée … quasiment au bout du rouleau ,ne faisant plus que 43 kilos (pour 1m63) ...pour ainsi dire je n'avais plus que la peau sur les os et ne me nourrissait presque plus. Avec le projet intérieur de me faire disparaître et d'en finir avec la vie.

Là, maintenant, je suis saine et sauve ! la situation s'est retournée : je me sens revivre de l'intérieur c'est terrible !!!! j'ai repris un peu de forces et d'appétit et environ 4 à 5 kilos. C’était devenu nécessaire. L’accepter est pourtant loin d’être chose facile car tout cela n'est pas non plus sans fatigue liée à l’effort physique … hé oui rebosser c'est aussi crevant et usant , car c’est être tous les matins debout dès 3H30 …et surtout on ne correspond plus à l’idéal de maigreur. Je le voulais pour en finir, pour en mourir
C’est triste à avouer mais j’arrivais au fond de moi à m’aimer et rien que pour cela …mourir

Voilà, même pour une petite puce c’est possible ! J’ai décidé de positiver !!!!

La vie est belle !
Merci à elle

 

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